(Alliance News) – L’OCDE a revu en forte baisse sa prévision de croissance mondiale annuelle mardi, avertissant que la vague de tarifs douaniers imposée par le président américain Donald Trump allait étouffer l’économie mondiale, affectant particulièrement les États-Unis.

Après une croissance de 3,3 % l’année dernière, l’économie mondiale ne devrait progresser que de 2,9 % en 2025 et 2026, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), basée à Paris.

Dans son précédent rapport de mars, l’OCDE tablait encore sur une croissance de 3,1 % en 2025 et de 3,0 % en 2026.

Depuis, Trump a déclenché une série de hausses de droits de douane qui ont ébranlé les marchés financiers.

« Les perspectives mondiales deviennent de plus en plus difficiles », a déclaré l’OCDE, qui regroupe 38 pays, principalement développés.

L’organisation indique que les fortes hausses des barrières commerciales, des conditions financières plus strictes, un affaiblissement de la confiance des entreprises et des consommateurs, ainsi qu’une incertitude politique accrue auront tous des « effets nettement négatifs sur la croissance » si ces facteurs persistent.

Une réunion ministérielle de l’OCDE se tient à Paris mardi et mercredi, avec des négociations commerciales prévues en marge entre les États-Unis et l’UE, après que Trump a menacé d’imposer des droits de douane de 50 % sur les produits européens.

Le G7 se réunit également cette semaine pour se concentrer sur les questions de commerce.

« Pour tout le monde, y compris les États-Unis, la meilleure option est que les pays s’assoient à la table et trouvent un accord », a déclaré le chef économiste de l’OCDE, Alvaro Pereira, à l’AFP.

« Éviter une fragmentation commerciale supplémentaire est absolument essentiel dans les mois et les années à venir », a-t-il ajouté.

Trump a imposé en avril un tarif de base de 10 % sur les importations mondiales, avec des surtaxes plus élevées pour des dizaines de pays, suspendues jusqu’en juillet pour laisser place aux négociations.

Il a également imposé des droits de douane de 25 % sur les voitures et prévoit de doubler les droits sur l’acier et l’aluminium à 50 % dès mercredi.

Dans le rapport de l’OCDE, Pereira prévient que « l’affaiblissement des perspectives économiques se fera sentir dans le monde entier, ou presque ».

Il ajoute que « la baisse de la croissance et du commerce affectera les revenus et ralentira la création d’emplois ».

Les perspectives sont particulièrement sombres pour les États-Unis.

L’économie américaine ne devrait croître que de 1,6 % cette année, contre 2,2 % dans les précédentes prévisions, et ralentir encore à 1,5 % en 2026, indique l’OCDE.

« Cela reflète la forte augmentation du taux effectif des droits de douane sur les importations et les mesures de rétorsion de certains partenaires commerciaux », précise l’organisation.

Le taux effectif des droits de douane sur les importations américaines est passé de 2 % en 2024 à 15,4 %, son plus haut niveau depuis 1938.

L’OCDE cite aussi une incertitude élevée en matière de politique économique, un fort ralentissement de l’immigration nette et une réduction significative de la fonction publique fédérale.

L’inflation annuelle devrait « modérer » parmi les pays du G20, passant à 3,6 % en 2025 et 3,2 % en 2026, mais les États-Unis feront exception.

L’inflation américaine devrait accélérer pour frôler les 4 % d’ici fin 2025, soit le double de l’objectif de la Réserve fédérale.

L’OCDE a également légèrement abaissé sa prévision de croissance pour la Chine, touchée par des tarifs à trois chiffres temporairement réduits, de 4,8 % à 4,7 % cette année.

Le Japon fait aussi partie des pays les plus révisés à la baisse, avec une croissance attendue à 0,7 %, contre 1,1 % précédemment.

Les perspectives pour la zone euro, en revanche, restent inchangées avec une croissance d’un pour cent.

« Il existe un risque que le protectionnisme et l’incertitude sur la politique commerciale continuent d’augmenter et que de nouvelles barrières commerciales soient introduites », écrit Pereira.

« Selon nos simulations, de nouveaux tarifs douaniers réduiraient encore davantage les perspectives de croissance mondiale et alimenteraient l’inflation, ce qui affaiblirait encore la croissance mondiale », conclut-il.

Par Ali Bekhtaoui

source : AFP

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