MISE À JOUR : Trump presse le dirigeant syrien sur Israël après la levée des sanctions
(Alliance News) – Le président américain Donald Trump a demandé mercredi au nouveau dirigeant syrien de normaliser ses relations avec Israël, après avoir offert un soutien majeur au pays ravagé par la guerre en annonçant la levée des sanctions.
En visite d’État à Riyad, Trump est devenu le premier président américain en 25 ans à rencontrer un dirigeant syrien – Ahmed al-Sharaa, ancien guérillero islamiste et ex-djihadiste autrefois recherché par les États-Unis, qui a renversé Bachar al-Assad en décembre.
Le président syrien par intérim et Trump, vêtus de costumes assortis, se sont serré la main lors d’une réunion conjointe avec le dirigeant de facto de l’Arabie saoudite, le prince héritier Mohammed ben Salmane, et, par visioconférence, le président turc Recep Tayyip Erdogan, principal soutien du nouveau pouvoir à Damas.
La Turquie et l’Arabie saoudite plaidaient toutes deux pour une réconciliation avec la Syrie, mais cette initiative place une fois de plus Trump en opposition avec Israël, qui se montre pessimiste à l’égard de Sharaa et a intensifié ses frappes visant à affaiblir les capacités militaires de cet adversaire de longue date.
La Maison-Blanche a indiqué que Trump avait demandé au dirigeant syrien de normaliser ses relations avec Israël en rejoignant les Accords d’Abraham, signés par plusieurs États arabes du Golfe.
Trump a également exigé de Sharaa qu’il expulse les militants palestiniens et que les nouvelles autorités syriennes prennent le contrôle des camps de combattants de l’État islamique capturés, actuellement gérés par des guérillas kurdes opposées à la Turquie.
À l’issue d’un entretien plus long que prévu, d’environ 30 minutes, Trump a déclaré que les sanctions imposées sous l’ère Assad avaient été « vraiment paralysantes » pour la Syrie.
« Rien ne sera facile, mais cela leur donne une vraie chance. Ce fut un honneur pour moi de le faire », a affirmé Trump lors d’un sommet des dirigeants arabes du Golfe.
L’ancien animateur de téléréalité, toujours sensible à la taille des foules, s’est félicité de l’accueil enthousiaste qu’il a reçu lorsqu’il a annoncé cette décision au forum d’investissement de Riyad mardi.
« C’est ce qui a suscité les plus grands applaudissements dans la salle. Une salle comble, avec des milliers de personnes », a-t-il déclaré.
À la suite de l’annonce, des Syriens ont célébré la levée des sanctions, des dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants se rassemblant sur la place des Omeyyades à Damas.
« Ma joie est immense. Cette décision aura forcément un impact positif sur tout le pays. La reconstruction va reprendre, les déplacés vont revenir et les prix vont baisser », a témoigné Huda Qassar, enseignante d’anglais de 33 ans.
Le ministère syrien des Affaires étrangères a qualifié la décision de Trump de « tournant décisif ».
Les États-Unis avaient imposé des restrictions massives sur les transactions financières avec la Syrie pendant la guerre civile, et avaient clairement indiqué qu’ils utiliseraient les sanctions pour punir toute tentative de reconstruction tant qu’Assad resterait au pouvoir sans rendre compte des atrocités commises.
Trump n’a donné aucun signe d’un retrait de la Syrie de la liste américaine des États soutenant le terrorisme, une désignation datant de 1979, liée à l’appui aux militants palestiniens, qui entrave lourdement les investissements.
Un haut représentant de l’administration Biden avait rencontré Sharaa à Damas en décembre, exigeant des engagements, notamment sur la protection des minorités.
Ces dernières semaines, la Syrie a été le théâtre d’une série d’attaques sanglantes contre des groupes minoritaires, dont les Alaouites, la secte de la famille Assad, et les Druzes.
Rabha Seif Allam, du Centre Al-Ahram d'études politiques et stratégiques au Caire, estime que la levée des sanctions américaines permettra à la Syrie de se réintégrer à l’économie mondiale, en facilitant les transferts bancaires d’investisseurs et de la diaspora syrienne.
« Lever les sanctions donnera à la Syrie une réelle opportunité d’obtenir les financements nécessaires pour relancer l’économie, rétablir l’autorité de l’État central et lancer des projets de reconstruction avec le soutien explicite du Golfe », a-t-elle déclaré.
Trump doit ensuite se rendre au Qatar, qui fait polémique après avoir proposé un avion de luxe de 400 millions USD pour servir de nouvel Air Force One, avant de passer à un usage personnel par Trump.
Cette initiative soulève d’importantes questions constitutionnelles et éthiques, ainsi que des inquiétudes sécuritaires sur le fait qu’une puissance étrangère fournisse l’avion présidentiel ultra-sensible.
Chuck Schumer, chef de la majorité démocrate au Sénat, a promis mardi de bloquer toutes les nominations politiques au département de la Justice en signe de protestation.
Le Qatar a joué un rôle clé d’intermédiaire avec le Hamas, aidant Washington à négocier la libération cette semaine, depuis Gaza, du binational américano-israélien Edan Alexander.
Le Qatar, aux côtés de l’Égypte et des États-Unis, avait négocié un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas à Gaza, entré en vigueur le 19 janvier, veille de l’investiture de Trump.
Israël a mis fin au cessez-le-feu et annoncé une nouvelle offensive pour éradiquer le Hamas. L’État hébreu bloque toute aide humanitaire vers Gaza depuis plus de deux mois, provoquant des alertes au risque de famine.
Par Shaun Tandon, Rania Sanjar et Haitham El-Tabei
Source : AFP
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